Inquiétude autour de la prolifération d'armes à feu imprimées en 3D


C'est le procureur de Marseille qui s'est alarmé, ce lundi, d'une forme d'"uberisation du trafic d'armes", pointant du doigt une tendance en évolution depuis quelques mois : la multiplication des armes à feu imprimées en 3D.

L'annonce fait suite au démantèlement d'un vaste réseau de trafic d'armes à feu illégales en France et en Belgique. Il s'agirait d'une "première en France". Un succès pour les autorités qui n'est toutefois pas sans soulever des inquiétudes.

FGC-9 Mk2

Une longue investigation menée par la division "cyber" de la gendarmerie nationale sur plus d'un an a permis de mettre à jour le réseau qui officiait principalement en ligne sur des groupes très privés de la messagerie Telegram. L'enquête a mené à un coup de filet et plusieurs interpellations simultanées en Provence-Alpes-Côte d'Azur, Île-de-France, Grand Est, Midi-Pyrénées et Belgique.

Au total, 300 gendarmes, dont des unités du GIGN, ont récupéré 8 imprimantes 3D, 7 armes 3D complètes et fonctionnelles, 24 armes conventionnelles non déclarées et plusieurs interpellations.

Parmi les armes saisies, on retrouve un "best seller", le FC-9C (Fuck Gun Control", un modèle d'arme développé aux États-Unis capable de tirer des cartouches traditionnelles de 9 mm.

Le modèle en question a été développé comme acte militant aux USA, pour répondre aux limitations de certains États fédéraux impliquant une régulation de la prolifération de certaines armes à feu. Il s'agit pour les utilisateurs de créer des Ghost Guns, des armes sans numéro de série qui échappent aux contrôles du gouvernement. L'idée mise en avant étant que ces lois restrictives vont à l'encontre du 2e amendement de la constitution des États-Unis d'Amérique qui garantit à chacun le droit de détenir des armes.

De l'acte militant, les modèles d'armes à feu en 3D ont traversé les frontières, négligeant toutes les lois sur l'importation des armes ou accessoires militaires... Jusqu'à se retrouver dans les mains des petits bidouilleurs équipés d'imprimantes 3D low cost, capables ainsi d'équiper le grand banditisme et d'alimenter les gangs et le trafic de drogue à bas cout.

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Car c'est l'avantage, en marge d'une disponibilité plus large et d'une plus grande discrétion : fabriquer ces armes revient 2 à 3 fois moins cher que se procurer des équivalents sur le marché noir.

En juin dernier, un FGC-9 avait déjà été utilisé dans une tentative d'assassinat manquée au centre de Marseille. En Allemagne, un FGC-9 a été utilisé pour perpétrer deux homicides devant une synagogue en 2019...

Le réseau démantelé s'est soldé par l'interpellation de 14 personnes dont 6 ont été placées en détention provisoire et 5 sous contrôle judiciaire , une étant maintenue à domicile avec un bracelet électronique. Il s'agit d'hommes âgés de 18 à une trentaine d'années, la plupart ayant des antécédents judiciaires.

Le trafic prenait certaines précautions : les pièces imprimées étaient envoyées une à une aux acheteurs pour éviter d'éveiller les soupçons. Mais le réseau avait tout d'une activité professionnelle : plusieurs sites étaient disponibles sur le Dark Web avec paiement en cryptomonnaies.



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Catégorie article Technologies

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